Les montants d’aide à l’Asie du Sud Est sont annoncés tous les jours en hausse, aide venant des particuliers, des entreprises, des Etats. Peut être pour une fois les aides seront elles à la hauteur des dégâts.

Mais ces montants annoncés doivent susciter aussi de nombreuses questions.

Les montants eux-mêmes doivent être relativisés, « les efforts incroyables doivent devenir la norme humanitaire » a affirmé Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires des Nations Unies;  « en 2004, nous avons reçu 5,8 milliards de dollars pour les 100 pays dans lesquels nous avions des opérations. 20 d’entre eux ont des urgences équivalentes à un tsunami. Si l’on estime que ces 5,8 milliards de dollars correspondent à 2 jours de dépenses militaires mondiales et qu’on les divise par le nombre d’urgences, ce n’est pas un chiffre très impressionnant « .

De plus, et l’exemple du séisme survenue en Iran dans la région de Bam est là pour le rappeler l’écart est grand, monstrueux, entre les montants d’aide annoncés et les montants effectivement perçus sur le terrain.

De la même façon, il ne faudrait surtout pas que ces montants viennent en diminution des autres crédits destinés à l’aide internationale, ce serait là une terrible nouvelle notamment pour certains pays africains.

La solution semble donc simple, il convient d’augmenter les montants destinés à l’aide internationale, aide humanitaire, aide au développement. Mais la question du financement de cette aide va se poser très vite, peut-on concilier l’ultralibéralisme qui veut toujours moins d’Etat avec cette augmentation ? Les chantres du libéralisme vont nous proposer de laisser là aussi la main invisible du marché, ou du business de la charité internationale agir. Ne nous y trompons pas, cette réponse ne sera pas suffisante dans la durée, les mobilisations médiatiques sont de courte durée et versatiles, et de plus, les versements individuels sont aussi partiellement financés par l’Etat par le jeu des avantages fiscaux qui y sont liés.

D’autres solutions sont proposées aujourd’hui prélèvement fiscal mondial exceptionnel, taxation exceptionnelle des mouvements financiers…. Ces propositions sont certes à étudier, mais présentent toutes la particularité d’être exceptionnelles, ponctuelles, mais alors que deviendrait l’aide après l’Asie du Sud Est, le Darfour, le Bengladesh devront ils attendre un raz de marée causant de nombreuses victimes occidentales, pour voir arriver les journalistes préludes à l’aide « exceptionnelle ».

D’autre part ces propositions ont le défaut de n’être pas immédiatement applicables. Quel temps prendrait la mise en œuvre d’un prélèvement mondial ? et même au plan national quel temps prendrait la mise en œuvre concrète d’une telle décision ? Nous savons bien les difficultés de mise en place d’une nouvelles disposition législative et les capacités de lobbying du Medef.

Pourquoi alors ne pas s’appuyer sur les dispositifs existants ? Ils ont l’avantage d’être prêts à fonctionner, parfaitement opérationnels et les montants attendus faciles à estimer. Relevons les taux des tranches supérieures de l’impôt sur le revenu et relevons le taux d’imposition de l’impôt de solidarité sur la fortune.

Faisons payer les riches ? Chiche !

Une autre question semble terriblement absente du débat, une aide pour reconstruire, mais pour reconstruire quoi ?

La solution cohérente avec la mondialisation est bien sûr de reconstruire ce qui existait, une Asie du Sud Est tournée vers le tourisme, vers un type de tourisme consumériste, et vers la culture de produits d’exportation.

Est ce cela le monde que nous voulons ?

La réponse ne doit elle pas être élaborée avec les populations locales, avec les associations, syndicats, coopératives, groupements que ces populations se sont données ou se donneront plutôt qu’avec les experts internationaux dont les populations de nombreux pays ont souffert de la mise en œuvre de leurs décisions bien évidemment ultra libérales.

Ne devons nous pas mettre en avant une agriculture tournée vers les productions vivrières développées par les petits producteurs locaux ?

Ne devons nous pas mettre en avant un tourisme respectueux de l’environnement et des populations locales, un tourisme de découverte de l’autre, de sa culture et non pas un tourisme tourné exclusivement vers les plages ou le sexe ?

Nous ne pouvons pas continuer à construire une société fondée sur la paupérisation de régions entières du monde. Aujourd’hui, la question d’une reconstruction de pose, ne laissons pas passer cette occasion d’imposer d’autres choix, d’autres logiques.

Les damnés de la terre demandent justice, choisissons notre camp.