La nouvelle s’est vite répandue : Robert Ménard a déclaré sur le sur le plateau de Mots Croisés, sur France 2, détenir des statistiques religieuses sur les enfants fréquentant les écoles publiques de la ville de Béziers. Pour faire bonne mesure Robert Ménard a ajouté « Les prénoms disent les confessions. Dire l’inverse, c’est nier une évidence… » Cela traduit une étrange et angoissante vision du monde. Les parents ne choisiraient donc les prénoms qu’en fonction de leur religion : les parents des Erwan, Gaël et autres prénoms celtes seraient donc sans aucun doute des adeptes du druidisme ayant échappé pendant des siècles aux foudres de l’inquisition. Les filiations interreligieuses se reconnaîtraient sans aucun doute à un double prénom. Quant aux parents athées il ne reste qu’à présumer qu’ils choisissent les prénoms de leurs enfants dans le calendrier révolutionnaire. Et bien sûr, dans le respect du sacro-saint triptyque Travail-Famille-Partie, les enfants conservent tous la religion de leurs parents, comme Jésus de Nazareth.

Quant à Robert Ménard, son prénom évoque pour moi non pas l’Église sainte catholique et apostolique mais un grand monsieur, Paul Robert, grand amoureux de la langue française dont, faut-il le rappeler, plus de la moitié des locuteurs n’est pas de nationalité française, la francophonie rayonnant largement au-delà de nos frontières que d’aucuns voudraient étanches. Ce joli mot de francophonie ayant été employé pour la première fois par un anarchiste, le géographe Elysée Reclus.

Robert Menard, après avoir été Reporters Sans Frontières, devenu maire sans limites, dussent-elles légales ; de la ville de Béziers a déclaré « Je sais que je n’ai pas le droit mais on le fait… ». Cette absence de scrupules ajoutée à l’aveu d’une infraction pourrait prêter à sourire si ce n’était là la mise en œuvre d’une politique ségrégationniste.

Le procureur de Béziers a annoncé ce mardi l’ouverture d’une enquête préliminaire.