J’ai manifesté, comme des dizaines de milliers de personnes, au milieu d’une impressionnante présence policière, le 28 juin entre Bastille et place d’Italie. Les contrôles à l’entrée étaient prévus et annoncés. Mais, en plein débat que la question des contrôles au faciès par l’Assemblée nationale ; les contrôles à l’entrée étaient ciblés : j’ai donc pu rentrer sans aucune difficulté, sans palpation, mon keffieh porté ostensiblement.

A la fin de la manifestation, j’ai voulu quitter la place d’Italie par l’avenue des Gobelins. L’avenue était totalement barrée, avec une espèce de check-point pour permettre la sortie à droite. Visiblement les forces de l’ordre refusaient que des manifestant-es sortent avec des autocollants. Je me suis donc présenté dans la même tenue qu’à l’entrée. La réponse du fonctionnaire de police fut  » Non, pas vous. » J’ai donc demandé quelques explications. Il m’a répondu que je devais ôter mes badges et ça, désignant mon keffieh qu’il a alors soulevé. Constant que mon tee-shirt portait des inscriptions, m’a également demandé d’ôter le tee-shirt. S’en est suivi un échange passionnant à base de « Je ne vais pas quitter mon tee-shirt, je n’ai rien dessous ! » et  » Quitter votre tee-shirt ! » Il s’est finalement lassé avant moi et m’a laissé partir. J’ai pu alors trois mètres plus loin remettre mon keffieh et mes badges, le premier représentant un goéland enmazouté avec la phrase « Est-ce que moi, je viens chier dans vos baignoires ? » et le second étant le badge du Conseil Permanent des écrivains et la SGDL « Pas d’auteurs pas de lecteurs. »

 

Je m’interroge sur la légalité de telles pratiques et sur les bases juridiques qui les autorisent, sauf à nous resservir encore une fois l’état d’urgence. Mais l’état d’urgence ne doit pas nous faire oublier l’état de droit. Je pense avoir le droit de choisir le tee-shirt que je porte. Mais peut-être dois-je préciser que le texte figurant sur le tee-shirt était l’article 35 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen  « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.  » Ce lecteur occasionnel se serait-il donc senti concerné par ce texte ?