Parmi les nombreuses questions concernant le processus électoral qui se posent à nous, la plus urgente est sans aucun doute celle du vote pour le second tour de l’élection présidentielle ce dimanche 24 avril. Cependant nous allons devoir effectuer ce choix entre une candidate d’extrême droite et un candidat d’une droite qui s’extrémise de plus en plus dans un contexte fortement marqué à la fois par les élections législatives, avec notamment la campagne de Jean-Luc Mélenchon et l’Union populaire, et les commentaires sur le résultat du premier tour de l’élection présidentielle.
Concernant ce dernier point, il est indispensable d’analyser ces résultats mais la grande majorité des commentaires, analyses, avis que l’on peut entendre ou lire se résument hélas trop souvent à des invectives dont il ressort que l’autre est seul responsable. Si la gauche est riche de sa diversité, si des analyses sans complaisance doivent être faites en pointant aussi les erreurs, faiblesses, défaillances, les insultes, fussent-elles réciproques, n’ont guère leur place dans ce cadre.
De la même façon, il serait souhaitable de préparer les élections législatives dans un contexte le plus serein possible. Et, comme je l’écrivais il y a quelques, jours, si Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise ont une lourde responsabilité en raison des résultats électoraux. Il ne leur faudra cependant pas oublier qu’une part significative des votes sont des votes utiles ou efficaces selon le nom que l’on veut bien leur donner, et non des votes d’adhésion à un projet et que leur rôle devrait donc être un rôle d’animateur, de fédérateur et non pas simplement celui d’un chef de file derrière lequel il convient de se ranger.
Quant au vote de dimanche, nous nous retrouvons dans une situation hélas trop connue. En 2002, j’avais appelé à votre Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen et contre sa fille cinq ans plus tard pour Emmanuel Macron[1].
Le quinquennat d’Emmanuel Macron a été désastreux pour toutes celles et tous ceux qui croient en une société plus juste, plus solidaire et plus fraternelle, faut-il citer les services publics se dégradant faute de moyens suffisants, les droits sociaux en retraits, les libertés publiques bafouées… Et, lorsque le candidat Emmanuel Macron écrit dans sa profession de foi du second tour, s’adressant à celles et ceux qui n’ont pas voté pour lui » A tous, je veux vous dire que je vous ai compris et que je vous tends la main » négligeant allègrement de s’adresser aussi à « toutes », je n’ai aucune confiance en lui !
Face à lui, Marine Le Pen a, comme l’ont répété en boucle les média mainstream, a dédiabolisé l’image du Front national, aidée par cela par Eric Zemmour et ses propos. Mais lorsque Marine Le Pen mets un coup de vernis démocratique sur son programme qui sur le fond n’a guère changé elle n’est pas plus crédible que lorsque le groupe Total tente de verdir son image.
Parmi mes ami·e·s certain·e·s ne voteront pas dimanche, d’autres voteront blanc, et d’autres enfin voteront pour Emmanuel Macron. Quels que soient leur choix et le résultat, je ne leur reprocherai pas. Mais nous devons tous assumer nos choix et être lucide concernant les enjeux, ne pas voter pour Emmanuel Macron, c’est accepter la possibilité d’avoir une présidente d’extrême droite, l’on ne peut aujourd’hui s’abstenir et déléguer aux autres le soin de faire le sale boulot en votant à droite.
Enfin j’ose espérer que parmi mes ami·e·s personne n’envisage de voter pour l’extrême droite mais si c’était le cas, il est encore temps de se parler encore une fois. Et pour ma part, comme il y a cinq ans je voterai dimanche pour Emmanuel Macron sans aucune illusion et les larmes aux dents.
[1] Faire barrage au Front national http://arberet.fr/2017/05/
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