« Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice. »
Montesquieu

Essai transformé pour Bernard Laporte !

Bernard Laporte, secrétaire d’Etat aux sports, nous avait déjà habitués à la finesse. Lors du voyage officiel de François Fillon en Martinique et en Guadeloupe. A Fort-de-France, l’ancien maire de la ville, le poète Aimé Césaire âgé de 94 ans, a reçu François Fillon et ses ministres en compagnie de son ancien adjoint à la mairie, Pierre Aliker, âgé lui de 101 ans. Bernard Laporte tourné vers les journalistes leur a déclaré à propos de Pierre Aliker et de ses 101 ans : « Celui-là, il ne jouera pas le prochain tournoi [des VI Nations] » Le tout accompagné d’un rire bien gras…

 

Dimanche, à l’occasion de la journée « Vivre Sport, Vivre l’Europe », Bernard Laporte a conclu son discours en déclarant « Je tenais à dire que je ne suis pas le père de l’enfant que porte Rachida Dati » !

Selon le Figaro, la garde des Sceaux  a estimé que Bernard Laporte « est allé trop loin » et son propos est « particulièrement déplacé ».

 

Il serait temps que Bernard Laporte réalise qu’il est secrétaire d’Etat, que l’on attend de lui qu’il travaille ses dossiers, ce qui ne signifie pas se contenter de répéter inlassablement « il faut faire appel aux fonds privés », et que à défaut de travailler il évite de donner une image déplorable du sportif en se comportant en véritable caricature d’animateur inculte de troisième mi-temps. Monsieur le Ministre, un peu de tenue, s’il vous plait !

Dérapage (in)contrôlé dans les déchets

Samedi 27 septembre, Philippe Leroy, président UMP du conseil général de la Moselle, à propos d’enfouissement de déchets radioactifs en Moselle a déclaré : « On est embêté aussi avec les populations de Gitans : personne n’en veut. On est embêté avec les politiques de traitement des déchets : personne n’en veut. Et pourtant le civisme aujourd’hui pour tout le monde c’est de savoir que nous avons à accueillir sur nos territoires des populations difficiles, des logements sociaux dans des quartiers plus protégés, les déchets nucléaires, les déchets industriels et ménagers…. »

Alors que Philippe Leroy se prononce, semble-t-il, pour une obligation d’accueil ce texte laisse un goût nauséeux.

Comment un élu de la République peut-il mettre au même niveau le logement social auquel 70% de la population française est éligible, les gitans et des déchets nucléaires, industriels ou ménagers ?

Il n’y a pas si longtemps les Gitans coupables d’être membres d’une sous race ont été déportés et gazés.

De la vermine humaine aux déchets le glissement est rapide, et « le ventre est encore fécond d’où la bête immonde est sortie »

Laurence Parisot : la prime transport « n’est pas raisonnable »

C’est ainsi que le Point commente l’intervention de Laurence Parisot sur RTL. Dimanche Christine Lagarde s’était exprimée au  « Grand jury RTL/Le Monde/LCI » : « Les arbitrages ne sont pas arrêtés bien entendu pour une raison très simple c’est que le premier ministre a demandé aux partenaires sociaux et leur a donné jusqu’au 15 septembre  pour faire des propositions. Ce qui est clair c’est que nous devons aussi travailler et que le travail s’est orienté autour d’une part de l’extension du régime actuel applicable en Ile-de-France  c’est-à-dire prise en charge par les entreprises de 50% du titre de transport avec exonération  de charges sociales pour l’employeur ainsi que pour l’employé… pour ceux de nos concitoyens qui ne disposent pas de transports collectifs, à ce moment là et sur la base d’un volontariat au sein de chaque entreprise, la proposition c’est une prise en charge forfaitaire des frais correspondants à l’utilisation du véhicule avec la même contribution de l’Etat c’est-à-dire une exonération de charges sociales. »

 

Laurence Parisot a été très claire « Aujourd’hui les entreprises françaises ne peuvent pas supporter un centime d’euro de charge en plus ». discours des plus classiques de part du patronat.

Mais Laurence Parisot va plus loin et précise sa pensée, « la vraie réflexion doit être plus générale, plus globale » : Il faut mettre en œuvre « une politique économique qui booste la croissance (…) qui va permettre une augmentation sérieuse du pouvoir d’achat des salariés, qui ensuite feront leur propre arbitrage. Certains voudront effectivement dépenser un peu plus en essence, d’autres en logement, d’autres pour la garde de leurs enfants, que sais-je… ».

Nous retrouvons là le raccourci habituel qui consiste à lier croissance et augmentation du pouvoir d’achat, les salariés n’ont surement pas besoin d’études statistiques pour constater la dégradation de leur pouvoir d’achat. Mais le point le plus intéressant de cette déclaration est sans aucun doute le renvoi à l’arbitrage que pourront faire les salariés.

Pour certains, et Laurence Parisot en fait sans aucun doute partie, le lieu d’habitation, l’emploi occupé et sa localisation relève d’un véritable choix, d’un arbitrage, mais pour la grande majorité des salariés ce sont des choix subis. Ce n’est pas par pur plaisir que tant de salariés s’installent de plus en plus loin, c’est pour trouver des logements à des tarifs accessibles, ce n’est pas par choix que les salariés vont s’entasser dans les mêmes zones de bureau ou industrielles, ce ne sont pas les salariés qui choisissent de créer encore des bureaux à la Défense alors que tous les transports en commun sont saturés pour y accéder.

Les dirigeants d’entreprise ne peuvent pas s’exonérer des conséquences de leurs choix, les salariés subissent des temps de trajet de plus en plus longs dans des conditions qui se dégradent, ce n’est pas à eux d’en payer le prix.

Liberté conditionnelle pour Marina Petrella

La Cour d’appel de Versailles a décidé hier la remise en liberté sous contrôle judicaire de Marina Petrella, cette demande de remise en liberté sous contrôle judicaire ayant été requise par le parquet général en raison de « l’état de santé de Marina Petrella et du problème de la compatibilité des soins et de son traitement avec sa situation ».

C’est une décision qui va dans le bon sens,

« C’qui prouve qu’en protestant quand il est encore temps.

On peut finir par obtenir des ménagements ! » (Boris Vian)

Marina Petrella, justice ou vengeance ?

Dans les années 1970 en Italie, de très nombreux jeunes militants dont la révolte s’était radicalisée choisirent la lutte armée. Marine Petrella en faisait partie.

En 1982 elle est arrêtée, elle passe 8 ans dans les prisons spéciales italiennes avant d’être libérée pour expiration des délais de détention préventive.

En 1993, elle est condamnée à perpétuité dans le cadre de lois d’exception, pour des faits remontant aux années 79 à 82.

Elle vient en France, François Mitterrand, alors président de la République, avait accordé à quelques centaines d’Italiens – en pleine connaissance de la gravité des faits qui leur étaient reprochés et de façon indifférenciée les uns par rapport aux autres – un asile en France avec sa fille , ses avocats avertissent alors les autorités judiciaires françaises de sa présence.

Marina Petrella réside en France de façon continue, en situation régulière, elle dispose d’un titre de séjour, reprend ses études, passe des diplômes, est salariée de structure publique…

Le 21 août 2007, convoquée pour des formalités administratives, Marina est arrêtée au commissariat d’Argenteuil, à la suite d’une demande d’extradition du gouvernement italien.

 

La condamnation date d’une quinzaine d’années, les faits de plus de 25 ans. Quel serait donc le sens de cette incarcération aujourd’hui ?

SI la sanction pénale a pour objet d’aider à la réinsertion sociale du délinquant, elle serait ici sans objet Marina Petrella est parfaitement insérée/ré-insérée dans la société française où elle vit, travaille et a fondé une famille. La sanction n’aurait pas plus de sens s’il s’agissait de protéger la société de la dangerosité, Marina Petrella a tourné la page de la lutte armée il y a des années.

 

Par contre, de nombreuses interventions favorables à l’extradition évoquent pêle-mêle l’absence de repentir de Marina Petrella et les victimes qui n’ont pas pardonné.

Ces deux points semblent très liés et renvoient à une conception particulière de la sanction pénale.

Le pardon des victimes n’est pas une catégorie juridique, la justice s’est construite contre la notion de vengeance et la loi du talion. Même si les victimes crient vengeance la société, elle, doit se contenter de leur rendre justice; aucun droit pénal ne reconnaît aujourd’hui la nécessité d’enfermer à vie tous  les auteurs d’actes délictueux ayant entraîné la mort d’autrui, quelle que soit la douleur des proches des victimes. Et cela est aussi vrai pour les familles des 85 tués de l’attentat de la gare de Bologne, pour les familles des travailleurs de l’amiante et pour tant d’autres.

Quant au repentir, loin de la notion catholique de changement profond qui s’opère dans l’homme lorsqu’il reconnaît son péché devant Dieu, exprime le regret de sa faute et en demande pardon, il s’agit ici de la notion de repenti mise en oeuvre par la législation italienne. Le repenti n’est pas là celui qui regrette sa faute, mais celui qui dénonce ses anciens complices pour obtenir l’immunité.

Notion mise en œuvre dans le cadre des lois d’exception mais notion déjà ancienne et crée à Rome avec la création de l’inquisition médiévale dans les années 1230 par le pape Grégoire IX. En effet la procédure utilisée par l’inquisition débutait par un délai de grâce au cours duquel  ceux qui se présentaient et confessaient spontanément leurs fautes se voyaient imposer une pénitence religieuse mais échappaient aux sanctions du pouvoir civil, avec en contre partie l’obligation de dénoncer les hérétiques.

Outre l’aspect moralement douteux de s’appuyer sur une délation récompensée, cette procédure était aussi une incitation à dénoncer le premier, incitation recrée par la notion « moderne » de repenti.

Le parallèle que l’on pourrait poursuivre avec les procédures d’interrogatoire n’est pas anodin. L’inquisition ne pourchassait pas des criminels mais avait pour vocation d’éradiquer une hérésie et donc, les hérétiques qui contestaient l’ordre religieux et donc l’ordre social.

L’objectif serait il le même aujourd’hui ?

La sortie d’une période de violence ne peut pas se faire par la vengeance. Une amnistie sera nécessaire qui seule permettra d’écrire l’histoire de ces années de plomb et surtout d’essayer de les comprendre.

Mais hélas il ne semble pas que ce soit la voie emprunté par les gouvernements occidentaux. De la demande d’extradition de Marina Petrella à la criminalisation des acteurs sociaux la logique est la même, maintenir l’ordre établi et éradiquer la subversion.

Page 10 sur 11

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén