« C’est qu’au fond, il n’y a qu’une seule race : l’humanité. »
Jean Jaurès

Catégorie : Déplacements…

Faire sauter les bouchons ?

L’on voit régulièrement fleurir des déclarations proclamant qu’il faut faire sauter les bouchons pour fluidifier la circulation dans les grandes agglomérations et notamment en région parisienne dans la zone urbaine dense. Et il semble que les périodes électorales soient particulièrement propices pour ces annonces et promesses de la part de candidats de toutes couleurs politiques.

Certes, la suppression des embouteillages avec toutes les nuisances qu’ils peuvent générer est un objectif louable et ambitieux. Mais les moyens à mettre en œuvre pour y arriver représentent un vrai choix politique, il serait au mieux illusoire et au pire mensonger de prétendre aujourd’hui résorber les bouchons en cherchant des solutions pour fluidifier le trafic localement. En effet, d’une part la question de la fluidité du trafic ne peut être traitée uniquement au niveau d’une seule collectivité locale mais par une réflexion à l’échelle de la zone urbaine dense. D’autre part, toute tentative d’améliorer la circulation sur un secteur a pour effet immédiat de dévier de nouveaux véhicules vers ce secteur, et plus encore avec les applications de navigation. Enfin, la synchronisation des feux tricolores pour permettre une meilleure circulation peut sembler une solution pertinente mais qui repose sur un choix, synchronise-t-on la vitesse pour les voitures ou pour les vélos ?

Il est clair que la seule façon de faire sauter les bouchons est de limiter le nombre de voitures en ville. Pour cela, deux éléments sont fondamentaux. Des transports en communs performants doivent exister, la question de leur gratuité devant être posée, et même si de grands projets sont engagés, les budgets d’investissement ne sont pas encore suffisants. Les circulations douces doivent être encouragées et développées et cela ne sera possible que par la mise en place de réelles infrastructures dédiées aux déplacements cyclistes selon un schéma cohérent, le RER V, Réseau express régional vélo, avec neuf lignes cyclables reliant les grands pôles de la région, issu des travaux du Collectif Vélo Île-de-France.

Il est urgent de prendre les décisions nécessaires pour développer de nouveaux modes de mobilités et les maires issus des élections du mois de mars auront un rôle important à jouer.

Laurence Parisot : la prime transport « n’est pas raisonnable »

C’est ainsi que le Point commente l’intervention de Laurence Parisot sur RTL. Dimanche Christine Lagarde s’était exprimée au  « Grand jury RTL/Le Monde/LCI » : « Les arbitrages ne sont pas arrêtés bien entendu pour une raison très simple c’est que le premier ministre a demandé aux partenaires sociaux et leur a donné jusqu’au 15 septembre  pour faire des propositions. Ce qui est clair c’est que nous devons aussi travailler et que le travail s’est orienté autour d’une part de l’extension du régime actuel applicable en Ile-de-France  c’est-à-dire prise en charge par les entreprises de 50% du titre de transport avec exonération  de charges sociales pour l’employeur ainsi que pour l’employé… pour ceux de nos concitoyens qui ne disposent pas de transports collectifs, à ce moment là et sur la base d’un volontariat au sein de chaque entreprise, la proposition c’est une prise en charge forfaitaire des frais correspondants à l’utilisation du véhicule avec la même contribution de l’Etat c’est-à-dire une exonération de charges sociales. »

 

Laurence Parisot a été très claire « Aujourd’hui les entreprises françaises ne peuvent pas supporter un centime d’euro de charge en plus ». discours des plus classiques de part du patronat.

Mais Laurence Parisot va plus loin et précise sa pensée, « la vraie réflexion doit être plus générale, plus globale » : Il faut mettre en œuvre « une politique économique qui booste la croissance (…) qui va permettre une augmentation sérieuse du pouvoir d’achat des salariés, qui ensuite feront leur propre arbitrage. Certains voudront effectivement dépenser un peu plus en essence, d’autres en logement, d’autres pour la garde de leurs enfants, que sais-je… ».

Nous retrouvons là le raccourci habituel qui consiste à lier croissance et augmentation du pouvoir d’achat, les salariés n’ont surement pas besoin d’études statistiques pour constater la dégradation de leur pouvoir d’achat. Mais le point le plus intéressant de cette déclaration est sans aucun doute le renvoi à l’arbitrage que pourront faire les salariés.

Pour certains, et Laurence Parisot en fait sans aucun doute partie, le lieu d’habitation, l’emploi occupé et sa localisation relève d’un véritable choix, d’un arbitrage, mais pour la grande majorité des salariés ce sont des choix subis. Ce n’est pas par pur plaisir que tant de salariés s’installent de plus en plus loin, c’est pour trouver des logements à des tarifs accessibles, ce n’est pas par choix que les salariés vont s’entasser dans les mêmes zones de bureau ou industrielles, ce ne sont pas les salariés qui choisissent de créer encore des bureaux à la Défense alors que tous les transports en commun sont saturés pour y accéder.

Les dirigeants d’entreprise ne peuvent pas s’exonérer des conséquences de leurs choix, les salariés subissent des temps de trajet de plus en plus longs dans des conditions qui se dégradent, ce n’est pas à eux d’en payer le prix.

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