« La loi a fait de moi un criminel, non à cause de ce que j’ai fait, mais en raison de ce qui me poussait à me lever, de ce que je pensais, de ma conscience. »
Nelson Mandela

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Du bon usage des prénoms

La nouvelle s’est vite répandue : Robert Ménard a déclaré sur le sur le plateau de Mots Croisés, sur France 2, détenir des statistiques religieuses sur les enfants fréquentant les écoles publiques de la ville de Béziers. Pour faire bonne mesure Robert Ménard a ajouté « Les prénoms disent les confessions. Dire l’inverse, c’est nier une évidence… » Cela traduit une étrange et angoissante vision du monde. Les parents ne choisiraient donc les prénoms qu’en fonction de leur religion : les parents des Erwan, Gaël et autres prénoms celtes seraient donc sans aucun doute des adeptes du druidisme ayant échappé pendant des siècles aux foudres de l’inquisition. Les filiations interreligieuses se reconnaîtraient sans aucun doute à un double prénom. Quant aux parents athées il ne reste qu’à présumer qu’ils choisissent les prénoms de leurs enfants dans le calendrier révolutionnaire. Et bien sûr, dans le respect du sacro-saint triptyque Travail-Famille-Partie, les enfants conservent tous la religion de leurs parents, comme Jésus de Nazareth.

Quant à Robert Ménard, son prénom évoque pour moi non pas l’Église sainte catholique et apostolique mais un grand monsieur, Paul Robert, grand amoureux de la langue française dont, faut-il le rappeler, plus de la moitié des locuteurs n’est pas de nationalité française, la francophonie rayonnant largement au-delà de nos frontières que d’aucuns voudraient étanches. Ce joli mot de francophonie ayant été employé pour la première fois par un anarchiste, le géographe Elysée Reclus.

Robert Menard, après avoir été Reporters Sans Frontières, devenu maire sans limites, dussent-elles légales ; de la ville de Béziers a déclaré « Je sais que je n’ai pas le droit mais on le fait… ». Cette absence de scrupules ajoutée à l’aveu d’une infraction pourrait prêter à sourire si ce n’était là la mise en œuvre d’une politique ségrégationniste.

Le procureur de Béziers a annoncé ce mardi l’ouverture d’une enquête préliminaire.

 

Libre arbitre ?

Madame Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, a prononcé un discours le 19 décembre 2014 devant le Conseil National des Professions du Spectacle. Elle a notamment déclaré, et l’on ne peut que s’en féliciter « Je me battrai aux côtés des artistes, des créateurs et des professionnels de la culture pour affirmer la place de la culture au cœur de notre ambition politique. Notre modèle s’est bâti sur le soutien aux artistes et sur les principes de démocratisation culturelle pour que cette création soit accessible au plus grand nombre. Cette politique s’est construite sur une volonté de l’Etat, partagée et amplifiée par les collectivités elle a permis de mailler notre territoire d’établissements de création et de diffusion mais aussi de dispositifs de soutien aux compagnies et aux artistes, d’aides et de financements. C’est un investissement, un héritage, fruit de longues années d’un travail patient. J’ai dit que je le laisserai pas démanteler.… »

Arrivé à cet instant de l’intervention, une seule question se pose, qui donc veut la peau, non pas de Roger Rabbit, mais de ce modèle culturel.

La réponse ne se fait pas attendre, Madame Fleur Pellerin indique  » Alors que l’Etat a fait le choix de la culture, certaines collectivités territoriales se désengagent. Je soutiendrai avec force les nombreuses collectivités qui font le choix courageux de la culture » après avoir pris soin de préciser  « les choix budgétaires sont des choix politiques qui doivent être assumés comme tels.’

Sur ce dernier point, je ne peux qu’être en accord, les choix budgétaires sont la traduction concrète des choix politiques que nous mettons en œuvre, mais une nuance doit être apportée, si nous devons assumer nos choix budgétaires il ne nous appartient pas d’assumer ceux des autres, et notamment ceux de l’Etat.

 

Il existe deux notions scolastiques de la liberté, la liberté de spontanéité, un acte est libre si en accord avec les valeurs de son agent,  qui souligne la volonté, et la liberté d’indifférence, un acte est  libre s’il aurait pu être accompli d’une autre manière,  qui souligne l’aptitude. En, l’occurrence, je crains que pour beaucoup de collectivités locales la possibilité d’agir d’une autre manière est fortement contrainte par la décision du gouvernement dont fait partie Madame Fleur Pellerin de réduire de onze milliards les dotations aux collectivité locales.

Alors, Madame la Ministre, si vous voulez pointez du doigt les collectivités dont le désengagement est le résultat d’un choix politique, commencez donc par vous battre pour rendre à ces collectivités les moyens d’agir et de choisir librement leurs politiques. Vous n’êtes pas légitime à stigmatiser l’une ou l’autre des collectivités locales quand toutes vont être amenées à prendre des décisions insupportables, le seul choix qui leur reste étant de savoir quels budgets feront l’objet de coupes claires.

Et enfin, puisque vous indiquez, Madame la Ministre, dans votre discours que « Les collectivités locales, comme l’Etat, doivent faire un important effort budgétaire » n’oubliez-pas que c’est l’Etat, et non, les collectivités locales qui est responsable de l’évolution de la dette publique. En effet, du 4ème trimestre 1995 ( trimestre de référence) au 3ème trimestre 2014 la dette de Maastricht a augmenté pour l’Etat de 231,76% et pour les collectivités locales de 60,14%.

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