Un nouveau cycle électoral va s’ouvrir le dimanche 10 avril avec le premier tour de l’élection présidentielle et devrait se clôturer le dimanche 19 juin avec le deuxième tour des élections législatives.

 

Pour ce premier dimanche électoral nous sommes confrontés à trois injonctions contradictoires. Nous sommes invités à voter pour un·e candidat·e dont nous partageons les options tout en permettant à un·e candidat·e se réclamant de la gauche d’être présent·e au second tour sans que ce vote de premier tour n’ait une trop grande influence sur les législatives à venir.

 

Même si la Cinquième République a débuté le 4 octobre 1958, et si cette élection présidentielle est la douzième, le premier cycle électoral de ce type fut celui de 2002, et cette année c’est donc le cinquième. La durée du mandat présidentiel était précédemment de 7 ans depuis le début de la Troisième République, et les mandats législatifs de 5 ans. En 2000 une réforme constitutionnelle adoptée par référendum réduit le mandat présidentiel à 5 ans, et la loi organique du 15 mai 2001 modifie le calendrier électoral pour que les élections législatives aient lieu après l’élection présidentielle.

En 2002, première année d’application de cette réforme, l’élection présidentielle vit pour la première fois un second tour droite/ extrême droite et l’inversion du calendrier a fonctionné à merveille les élections législatives ont offert au président nouvellement élu une majorité à l’Assemblée nationale. Et ce sera le cas lors des trois élections suivantes.

 

Au premier tour de l’élection présidentielle, douze candidat·e·s sont présent·e·s. Avec toutes les précautions que l’on peut avoir vis-à-vis des sondages, si l’on examine les données des derniers sondages publiés, la droite avec quatre candidat·e·s totaliserait 40 % des voix, l’extrême droite avec deux candidat·e·s 32 % et la gauche avec six candidat·e·s 28 %. Emmanuel Macron obtiendrait 26 % des suffrages, Marine Le Pen 23% et Jean-Luc Mélenchon 17%, le quatrième étant largement distancé à moins de 9% des voix.

 

Je ne sais, dans de telles conditions, qu’elle est la meilleure réponse à apporter aux trois injonctions contradictoires.

Pour tenter d’éviter un second tour avec Emmanuel Macron et Marine Le Pen la seule option possible est de voter pour Jean-Luc Mélenchon. Mais, même si les intentions de vote en sa faveur ont progressé ces derniers jours, il en est de même pour Marine Le Pen qui conserve une avance significative. La raison commanderait de voter pour Jean-Luc Mélenchon pour se donner toutes les chances d’éviter d’avoir pour la troisième fois un duel entre la droite et l’extrême droite au second tour, avec toutefois une grande incertitude sur le résultat. De plus cela consisterait aussi à renoncer à choisir un·e candidat·e en fonction du projet qu’il porte.

 

Pour ma part c’est la première fois que je n’ai aucune certitude sur mon vote à venir. Mais j’ai deux certitudes.

Le fonctionnement présidentiel de la Cinquième République, renforcé par les modifications de 2000 et 2001, conduit à une hyperpersonnalisation nuisible à la démocratie, faut-il encore rappeler qu’ » il n’est pas de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tribun » Et l’absence de proportionnelle ne fait que renforcer cela.

Les partis et organisations se réclamant de la gauche portent une part importante de responsabilité en étant incapables de mener une réflexion collective sur les enjeux actuels, démocratie, problèmes sociaux, environnementaux, sociétaux et autres…

 

Enfin, si je me décide finalement à voter pour Jean-Luc Mélenchon, il ne faudrait surtout pas que mes amis de la France insoumise en tirent quelques conclusions que ce soit concernant leur audience, ce ne serait pas là un vote d’adhésion mais un vote par défaut contre la droite et l’extrême droite.