« L’impossible nous ne l’atteindrons pas, mais il nous sert de lanterne. »
René Char

Auteur/autrice : Jean-Michel Arberet Page 2 sur 11

Djibouti, Appel à manifester à Bruxelles Mardi 24 Août 2021

Appel à manifester à Bruxelles
Mardi 24 août 2021
de 14h à 16h au Rond-point Schuman devant la Commission Européenne

Les 1er et 2 Août 2021, des évènements d’une extrême gravité se sont déroulés à Djibouti.

De paisibles citoyens djiboutiens ont été attaqué dans leurs demeures à Warabale et PK12 pour leur appartenance à la communauté Afar par des éléments de la police déguisés en civils.

Après avoir délibérément incendiés leurs maisons, ces innocents  ont été agressés physiquement, parfois à coup de machettes.

Acculées à se défendre, les victimes ont riposté en faisant fuir leurs agresseurs. La police « officielle » est intervenue ouvertement en tirant à balles réelles et ciblant particulièrement les civils afar.

Bilan:15 personnes tuées, plusieurs dizaines de blessés, dont certains se trouvent dans un état grave actuellement, plusieurs  femmes violées et mutilées et 250 logement incendiés. (Voir rapport de la LDDH)

Par solidarité avec leurs concitoyens tués et persécutés à Djibouti-ville (Warabale, pk12) d’autres quartiers de la ville de Djibouti comme Arhiba et des villes comme Obock, Tadjourah, Randa etc… se sont révoltés pour  dénoncer les tueries délibérément perpétrée par la police dite « Nationale » à l’endroit des civils Afar.Ces manifestations ont été à leur tour sévèrement réprimée dans le sang par la police qui avait pour ordre de tirer pour tuer.

Réclamer une justice équitable pour tous vaut une balle  à Djibouti.

Nous sommes face à un crime d’état dans la mesure où ce sont les forces de police qui sont à l’origine des troubles et de la répression qui s’en est suivie, mettant à mal la cohésion sociale et la coexistence pacifique des communautés à Djibouti.

Tout cela en connexion avec la situation dramatique du contexte éthiopien et la volonté manifeste des autorités de Djibouti d’importer ce conflit en république de Djibouti.

Ce crime d’état n’est que la suite d’une série de massacres perpétrés par un régime dictatorial confortablement installée depuis 44 ans à Djibouti. Cela ne doit  en aucun cas rester impuni !!!

Afin d’éviter un massacre sur une plus grande échelle, Nous, diaspora djiboutienne d’Europe, appelons l’opinion Nationale, régionale et internationale à condamner vigoureusement ces tueries !

Nous exigeons la mise en place d’une véritable commission d’enquête indépendante afin de faire toute la lumière sur cette barbarie d’état et que justice soit rendue pour les victimes et leurs familles .

Nous appelons toute personne éprise de paix et de justice à venir  dénoncer  ce mardi 24 Août 2021 au Rond-point Schuman devant la commission Européenne à partir de 14h les exactions commises par la milice d’Abdillahi Abdi ayant agit sur ordre du dictateur Ismaïl Omar Guelleh.

La diaspora Djiboutienne d’Europe

Suite au rapport d’Amnesty International sur le viol et aux violences sexuelles dans la guerre au Tigré

J’ai lu avec attention le rapport « Viol et autres violences sexuelles dans le confit du Tigré, Éthiopie. » L’on constate hélas encore une fois que le viol et les violences sexuelles sont devenus une arme de guerre dans la Corne de l’Afrique comme dans de trop nombreuses autres parties du monde.

 

Si l’on ne peut que saluer votre travail et espérer que les mesures que vous préconisez seront suivies d’effets notamment avec une réelle prise en compte au niveau des instances internationales, une des premières phrases de votre rapport suscite quelques remarques.

Le rapport s’ouvre, page 5, sur cette phrase  » During the conflict that began on 4 November 2020 in Tigray —Ethiopia’s northernmost region —troops fighting in support of the federal government have committed widespread rape against ethnic Tigrayan women and girls. » Nul ne peut nier la réalité de ces violations massives des droits humains dénoncées par un grand nombre d’organisations internationales et d’autant plus choquantes que le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed a obtenu le prix Nobel de la paix en 2019.

 

Mais, selon les informations dont l’on peut disposer, les troupes du Front de libération du peuple du Tigré ont eu exactement les mêmes pratiques à l’encontre des civils et des femmes Afar dans les localités Afar qu’ils occupent. De plus, depuis des années, de l’autre côté de la frontière, à Djibouti, des femmes Afar dénoncent l’impunité des militaires djiboutiens violeurs. En mars et avril 2016, deux groupes de femmes afars ont fait une grève de la faim successivement en France à Arcueil et en Belgique à Saint-Josse pour alerter l’opinion publique. Il semble malheureusement que, pour de nombreux états, Djibouti ne soit guère un pays, mais plutôt un terrain d’implantation de bases miliaires dont le seul attribut de l’État qui reste est la reconnaissance internationale et dont le maintien de l’ordre est concédé à un tyranneau local.

 

Conscient des difficultés à collecter des informations à Djibouti, pays où la liberté de la presse est inexistante, et dans l’ensemble de la Corne de l’Afrique je n’en espère pas moins que vous puissiez collecter suffisamment de données pour alerter à votre tour l’opinion publique, sur le calvaire des Femmes afars qui se poursuit à l’ombre des bases militaires dans la plus totale indifférence.

 

 

Lettre ouverte au Président la République

Monsieur le président de la République,

 

Vous avez publié le tweet suivant le 9 août  » Il portait jusque dans les traits de son visage la générosité et l’amour de l’autre. Au nom de la Nation, je rends hommage au Père Olivier Maire. Pensées chaleureuses pour les Montfortains et tous les catholiques de France. Protéger ceux qui croient est une priorité. »

 

Vous me permettrez de m’interroger sur le sens de la dernière phrase. Si l’on se réfère au dictionnaire de l’Académie française, la priorité est ce dont on doit s’occuper en premier, l’exemple cité est le suivant. Pour le gouvernement, la diminution du chômage reste une priorité. Vous conviendrez sans peine que l’exemple est malheureux, l’action du gouvernement ne donnant pas l’impression que la diminution du chômage est ce dont il s’occupe en premier, à moins que son action ne manque cruellement d’efficacité.

Mais si la protection de ceux qui croient est une priorité donc qu’on doit s’occuper en premier de la protection de ceux qui croient, cela signifierait-il, a contrario, que la protection de celles et ceux qui ne croient est une préoccupation secondaire ?

 

Faut-il vous rappeler que, selon l’article V de la Constitution du 4 octobre 1958, vous veillez au respect de la Constitution, et que le bloc constitutionnel inclut la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dont l’article 1 proclame  » Le président de la République veille au respect de la Constitution. »

 

Ne doutant que vous aurez à cœur de préciser votre pensée sur ce point, je vous prie d’agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de mes sentiments distingués.

Que se passe-t-il à Djibouti ?

Les médias français fournissent peu d’information, et si l’on en croit le quotidien le Monde relayant largement les informations fournies par l’AFP « des violences intercommunautaires font au moins trois morts à Djibouti. » Cet article daté mis en ligne le 3 août, et illustré par une photo montrant largement une affiche du président Ismaïl Omar Guelleh, fait la part belle à la parole gouvernementale. S’expriment en effet la procureure de Djibouti, Lamisse Mohamed Saïd qui s’est déjà illustrée en demandant avec beaucoup de zèle l’extradition de Mohamed Kadamy, réfugié politique en France depuis 2006, et le ministre de l’intérieur Said Nouh Hassan.

Certes être journaliste à Djibouti est quasiment impossible. Djibouti est classé 176ème au classement mondial de la liberté de la presse 2021 ne devançant que la Chine, le Turkménistan, la Corée du Nord et l’Erythrée. Et Reporters Sans Frontières indique à propos de Djibouti « L’arsenal répressif déployé contre les journalistes à Djibouti fait régner une véritable terreur médiatique. Aucun média privé ou indépendant n’est installé sur le territoire. Les seuls « médias » existants sont utilisés à des fins de propagande par le gouvernement d’Ismaïl Omar Guelleh. » L’on peut s’interroger dans ces conditions sur l’objectivité réelle du représentant de l’AFP.

Mais, même si les communications par téléphone ou par internet avec Djibouti sont devenues très difficiles, de nombreuses publications sont disponibles sur les réseaux sociaux. Elles montrent et dénoncent l’action des forces gouvernementales aux côtés des pseudo-émeutiers dirigeant la violence contre des représentants de la communauté afar. Et de plus des représentants de l’opposition djiboutienne auraient dû être joints pour avoir une autre vision des évènements en cours. Il s’agirait d’une tuerie organisée par l’Etat, exécutée par la Police, le 1er et 2 août, le bilan est lourd selon la Ligue Djiboutienne des Droits Humains : 9 morts par balles, une vingtaine de disparus et 120 blessés dont 15 dans un état grave. Deux cent cinquante logements ont été incendiés par des policiers en civil à Walabaler, au PK 12 et à Balbala. De nombreuses familles depuis sont sans abris et privés de tout, dorment sans toit, sous la pluie et sans aucune assistance.

Selon l’avocat Mohamed Abayazid, « la police a failli à sa mission de maintien de l’ordre public et a pris parti dans cette tragédie. »

 

Faut-il rappeler qu’en 1994 la presse a fait preuve d’un aveuglement persistant en s’obstinant à évoquer des affrontements interethniques au Rwanda, reprenant ainsi la position officielle du gouvernement français.

 

Faudra-t-il attendre des commissions d’enquête 20 ans après pour savoir ce que si passe à Djibouti ? La situation est grave, des hommes, des femmes, des enfants sont assassinés.

Nous attendons une information objective des médias et une prise de position immédiate du gouvernement français.

 

 

 

What is happening in Djibouti?

The French media provided little information, and if we are to believe the daily Le Monde, largely relaying on information provided by AFP « inter-communal violence has killed at least three people in Djibouti. » The mentioned article posted on August 3 and illustrated by a photo showing a poster of President Ismaïl Omar Guelleh, focuses primarily on government’s statement. It in fact, refers to statements by the Minister of the Interior Said Nouh Hassan and the prosecutor of Djibouti, Lamisse Mohamed Saïd who has already distinguished himself by requesting with great zeal extradition of Mohamed Kadamy, a political refugee in France since 2006.

Being a journalist in Djibouti is almost impossible. Djibouti is ranked 176th in the 2021 World Press Freedom Index, ahead of only China, Turkmenistan, North Korea, and Eritrea. According to Reporters Without Borders « The repressive arsenal deployed against journalists in Djibouti is causing real media terror. Private or independent media do not exist and the only existing  » media « are used for propaganda purposes by the government of Ismail Omar Guelleh.  » One can question under these conditions the objectivity of report by the AFP’s representative in the country.

But, even if communications by phone or internet with Djibouti have become very difficult, many publications are available on social media networks. They expose and denounce the action of government forces alongside pseudo-rioters directing violence against the Afar community. More of the Djibouti opposition representatives should have been contacted to have another vision of the unfolding events. This would be a massacre organized by the State, carried out by the Police, on August 1 and 2, and the toll is heavy according to the Djiboutian League of Human Rights: 9 deaths by bullets, around 20 missing and 120 injured including 15 in serious condition. Two hundred and fifty homes were set on fire by plainclothes police in Walabaler, PK 12 and Balbala. Many families have since been homeless and deprived of everything, sleeping in the rain and without any assistance.

According to lawyer Mohamed Abayazid, « the police failed in their law enforcement mission taking sides in this tragedy. »

It should be remembered that in 1994, the media showed persistent blindness by persistently evoking interethnic clashes in Rwanda, adopting the official position of the French government. Will we have to wait for commissions of inquiry 20 years later to find out what is currently happening in Djibouti? The situation is serious, men, women and children are being murdered. We are awaiting objective information from the media and an immediate position taken by the French government.

translated from French by Ali Badiré

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