« Car être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaines; c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. »
Nelson Mandela

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Respect de la vie privée et totalitarisme

Le 17 février Madame Brune Poirson, Secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, était l’invitée de l’émission Le Grand Matin sur Sud Radio. Interrogée sur Benjamin Griveaux elle déclare :[1]

« Il [un auteur précité] montre que le respect de la vie privée en fait c’était exactement ça. C’était un combat, un combat qui a été mené par les Lumières un combat qui a été mené par les révolutionnaires français contre l’absolutisme royal. […]

Qu’est ce qui sépare la démocratie d’un régime totalitaire? C’est le respect de la vie privée. […]

Le respect de la vie privée, c’est un droit de l’Homme fondamental. A partir du moment où ce droit-là tombe alors nous changeons de régime et on tombe dans le totalitarisme. »

 

Madame Brune Poirson évoquant les droits de l’Homme, il me semble utile de rappeler le contenu de l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. » Madame Brune Poirson peut donc librement user de son droit garanti par la Constitution française, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 faisant partie du texte constitutionnel en vigueur. Sa déclaration n’en est pas moins d’une totale absurdité.

Elle le dit elle-même, les Lumières, les révolutionnaires français se sont battus contre l’absolutisme royal, non contre des agissements individuels de telle ou telle personne.

Les définitions données du totalitarisme sont nombreuses, mais toutes visent un Etat totalitaire cherchant à imposer son mode de pensée, et non pas une violation de droit par telle ou telle personne privée. Or dans le cas évoqué ici, il s’agit d’une diffusion d’une vidéo par une ou plusieurs personnes privées qui en application de l’article 226-2-1 du Code pénal encourent une peine de deux ans d’emprisonnement et 60 000 euros d’amende. En l’occurrence, l’État a bien créé une infraction spécifique pour tenter d’assurer le respect de la vie privée. Selon les informations diffusées par la presse deux personnes sont déjà mises en examen avec une rapidité surprenante. A contrario il y aurait une dérive totalitaire si la diffusion de cette vidéo avait été réalisée impunément à l’initiative du gouvernement dont Madame Brune Poirson est membre. En conclusion, soit Madame Brune Poirson n’est pas allée au bout de sa déclaration et détient une information sur la responsabilité du gouvernement dans cette diffusion, soit ses propos n’ont aucun sens.

Par contre, je ne saurais que trop conseiller à Madame Brune Poirson de s’inquiéter des dérives sécuritaires en matière de maintien de l’ordre public.

 

 

[1] https://twitter.com/brunepoirson/status/1229366861344772098

Black Rock

En janvier, des cheminots grévistes s’étaient introduits, sans y être invités faut-il le préciser, dans les locaux parisiens de BlackRock. Le 10 février, ce sont cette fois des militants écologistes qui se sont introduits dans les locaux de Black Rock. BlackRock, faut-il le rappeler, est une société multinationale spécialisée dans la gestion d’actifs. Elle est le plus important gestionnaire d’actifs au monde, avec près de 7 000 milliards de dollars.

Selon Les Échos le siège parisien a été dévasté. Selon Libération les locaux ont été retapissés. Les manifestants entendaient ainsi dénoncer l’inaction des PDG et des États face à l’urgence climatique.

 

Au vu de la manière dont ce gouvernement réprime tous les mouvements qui osent contester le système en place, l’on peut penser que ces manifestants feront l’objet de poursuites pénales. Face à ces évènements et au traitement médiatico-juridique qui est en fait, le discours tenu par Jean Jaurès en juin 1906 face au ministre de l’intérieur Georges Clemenceau n’est-il pas d’une brulante actualité ?

« Ah ! Messieurs, quand on fait le bilan des grèves, quand on fait le bilan des conflits sociaux on oublie étrangement l’opposition de sens qui est dans les mêmes mots pour la classe patronale et pour la classe ouvrière. Ah ! les conditions de la lutte sont terriblement difficiles pour les ouvriers ! La violence, pour eux, c’est chose visible palpable, saisissable chez les ouvriers : un geste de menace, il est vu, il est retenu. Une démarche d’intimidation est saisie, constatée, traînée devant les juges. Le propre de l’action ouvrière, dans ce conflit, lorsqu’elle s’exagère, lorsqu’elle s’exaspère, c’est de procéder, en effet, par la brutalité visible et saisissable des actes. Ah ! Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclat de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continueront la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale. Cela ne fait pas de bruit ; c’est le travail meurtrier de la machine qui, dans son engrenage, dans ses laminoirs, dans ses courroies, a pris l’homme palpitant et criant ; la machine ne grince même pas et c’est en silence qu’elle le broie. »

 

http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/violence-des-pauvres-violence-des-maitres-1912/

 

Faire sauter les bouchons ?

L’on voit régulièrement fleurir des déclarations proclamant qu’il faut faire sauter les bouchons pour fluidifier la circulation dans les grandes agglomérations et notamment en région parisienne dans la zone urbaine dense. Et il semble que les périodes électorales soient particulièrement propices pour ces annonces et promesses de la part de candidats de toutes couleurs politiques.

Certes, la suppression des embouteillages avec toutes les nuisances qu’ils peuvent générer est un objectif louable et ambitieux. Mais les moyens à mettre en œuvre pour y arriver représentent un vrai choix politique, il serait au mieux illusoire et au pire mensonger de prétendre aujourd’hui résorber les bouchons en cherchant des solutions pour fluidifier le trafic localement. En effet, d’une part la question de la fluidité du trafic ne peut être traitée uniquement au niveau d’une seule collectivité locale mais par une réflexion à l’échelle de la zone urbaine dense. D’autre part, toute tentative d’améliorer la circulation sur un secteur a pour effet immédiat de dévier de nouveaux véhicules vers ce secteur, et plus encore avec les applications de navigation. Enfin, la synchronisation des feux tricolores pour permettre une meilleure circulation peut sembler une solution pertinente mais qui repose sur un choix, synchronise-t-on la vitesse pour les voitures ou pour les vélos ?

Il est clair que la seule façon de faire sauter les bouchons est de limiter le nombre de voitures en ville. Pour cela, deux éléments sont fondamentaux. Des transports en communs performants doivent exister, la question de leur gratuité devant être posée, et même si de grands projets sont engagés, les budgets d’investissement ne sont pas encore suffisants. Les circulations douces doivent être encouragées et développées et cela ne sera possible que par la mise en place de réelles infrastructures dédiées aux déplacements cyclistes selon un schéma cohérent, le RER V, Réseau express régional vélo, avec neuf lignes cyclables reliant les grands pôles de la région, issu des travaux du Collectif Vélo Île-de-France.

Il est urgent de prendre les décisions nécessaires pour développer de nouveaux modes de mobilités et les maires issus des élections du mois de mars auront un rôle important à jouer.

Clap de fin

J’aurai donc été élu local pendant 19 ans à Arcueil. Lors de mon premier mandat, de 2001 à 2008, je fus adjoint au maire en charge du sport, de l’économie solidaire et de la jeunesse et à ce titre président puis trésorier de la mission locale Innovam. Lors de mon deuxième mandat, de 2008 à 2014, je fus conseiller municipal délégué en charge du sport et des systèmes d’information, et vice-président d’un syndicat informatique municipal, SIIM 94. Et enfin pour mon troisième mandat, de 2014 à 2020, je suis adjoint au maire en charge de la petite enfance, du handicap et des systèmes d’information, et président du SIIM 94, et depuis 2017 en charge aussi du cadre de vie.

Des secteurs que je ne connaissais pas, que j’ai découverts et dans lesquels je me suis investi avec enthousiasme. Dix-neuf années au service des Arcueillais·e·s, des réunions en tous genres, des rencontres, des échanges, des dossiers à étudier, des journées, des soirées, des week-ends, de tout cela je ne regrette rien sauf les cas où nous n’avons pu trouver une solution satisfaisante et les questions qui restent en cours faute de temps pour les avoir traitées.

Je ne suis donc pas candidat aux élections municipales. Lors des vœux le maire d’Arcueil a déclaré  » vous me permettrez d’avoir une pensée particulière en direction de celles et ceux qui ne solliciteront pas un nouveau mandat pour laisser la place à d’autres et permettre le renouvellement de l’équipe municipale. » J’apprécie cette pensée particulière, mais je dois avouer que je l’apprécierais nettement plus si j’avais pris la décision de ne pas être candidat et qu’elle n’ait pas été prise pour moi.

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