Selon une dépêche de l’AFP Ségolène Royal s’est exprimée ce jour sur Canal + à la fois sur la révocation de la semi-liberté qui avait été accordée à Jean-Marc Rouillan, et sur la non-extradition de Marina Petrella.

Concernant Marina Petrella, Ségolène Royal n’a pas voulu se prononcer faute d’accès au dossier médical qui a justifié la décision française. Il est on ne peut plus normal qu’elle n’ait pas eu accès au dossier médical, et l’on ne peut que s’étonner, à contrario, de la grande compétence médicale dont fait preuve le ministre italien de la défense, Ignazio La Russa, qui au vu d’images vues à la télévision, estime qu’elle a l’air « bien reposée » et en « meilleure » forme que lui. Il faut dire que les images en question datent de plusieurs mois…

Donc n’ayant pas eu connaissance du dossier médical Ségolène Royal ne se prononce pas. Le refus pour ce motif est déjà une prise de position claire, résumant la situation de Marina Petrella à la question de l’application de la clause humanitaire. En effet, si la clause humanitaire a du être appliquée, c’est bien à la suite de la décision du gouvernement d’extrader Marina Petrella. Le fonds du dossier est bien là, la doctrine Mitterrand est-elle toujours applicable, des années de résidence officielle en France ouvrent-elles un droit ? Sur ce point Ségolène Royal pourrait se positionner clairement et ne pas se contenter de déclarer penser d’abord aux victimes.

Les victimes ont des droits, ont eu une place dans la procédure pénale,mais la justice pénale n’est pas la mise en œuvre de la vengeance personnelle. Le risque est grand de glisser aujourd’hui vers le populisme pénal. La clarté des positions politiques sur ce sujet est donc un élément important, et j’espère au-delà de cette pirouette que Ségolène Royal donnera sa position sur le droit des réfugiés italiens à rester en France, avec le même courage et la même lucidité politique qu’avait eu François Mitterrand.

Concernant Jean-Marc Rouillan, Ségolène Royal connaissait visiblement beaucoup mieux le dossier et a donc déclaré « Evidemment qu’il fallait renvoyer Jean-Marc Rouillan en prison puisqu’il a continué à prôner la lutte armée ».

La lecture du texte de l’interview est sur ce point intéressante, les propos de Jean-Marc Rouillan sont  » Mais en tant que communiste, je reste convaincu que la lutte armée à un moment du processus révolutionnaire est nécessaire…Quand on se dit guévariste, on peut simplement répondre que la lutte armée est nécessaire à certains moments. On peut avoir un discours théorique sans faire de la propagande ou de l’appel au meurtre. »

Ces phrases sont-elles considérées comme un prône de la lutte armée au regard du passé de Jean-Marc Rouillan ou le seraient-elles pour tous ceux qui évoquent une possible révolution ?

Là aussi, au-delà des déclarations de circonstances, il est urgent de clarifier les positions. Peut-on parler librement de révolution aujourd’hui sans risquer d’être accusé d’incitation à la lutte armée ? Peut-on librement déclarer comme Ségolène Royal le 15 mars 2007 « La profondeur de la crise appelle une révolution » en toute liberté ?