En janvier, des cheminots grévistes s’étaient introduits, sans y être invités faut-il le préciser, dans les locaux parisiens de BlackRock. Le 10 février, ce sont cette fois des militants écologistes qui se sont introduits dans les locaux de Black Rock. BlackRock, faut-il le rappeler, est une société multinationale spécialisée dans la gestion d’actifs. Elle est le plus important gestionnaire d’actifs au monde, avec près de 7 000 milliards de dollars.

Selon Les Échos le siège parisien a été dévasté. Selon Libération les locaux ont été retapissés. Les manifestants entendaient ainsi dénoncer l’inaction des PDG et des États face à l’urgence climatique.

 

Au vu de la manière dont ce gouvernement réprime tous les mouvements qui osent contester le système en place, l’on peut penser que ces manifestants feront l’objet de poursuites pénales. Face à ces évènements et au traitement médiatico-juridique qui est en fait, le discours tenu par Jean Jaurès en juin 1906 face au ministre de l’intérieur Georges Clemenceau n’est-il pas d’une brulante actualité ?

« Ah ! Messieurs, quand on fait le bilan des grèves, quand on fait le bilan des conflits sociaux on oublie étrangement l’opposition de sens qui est dans les mêmes mots pour la classe patronale et pour la classe ouvrière. Ah ! les conditions de la lutte sont terriblement difficiles pour les ouvriers ! La violence, pour eux, c’est chose visible palpable, saisissable chez les ouvriers : un geste de menace, il est vu, il est retenu. Une démarche d’intimidation est saisie, constatée, traînée devant les juges. Le propre de l’action ouvrière, dans ce conflit, lorsqu’elle s’exagère, lorsqu’elle s’exaspère, c’est de procéder, en effet, par la brutalité visible et saisissable des actes. Ah ! Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclat de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continueront la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale. Cela ne fait pas de bruit ; c’est le travail meurtrier de la machine qui, dans son engrenage, dans ses laminoirs, dans ses courroies, a pris l’homme palpitant et criant ; la machine ne grince même pas et c’est en silence qu’elle le broie. »

 

http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/violence-des-pauvres-violence-des-maitres-1912/