« L’impossible nous ne l’atteindrons pas, mais il nous sert de lanterne. »
René Char

Catégorie : Libéralisme

Génie du christianisme/ génie de la finance

Chateaubriand dans le Génie du christianisme s’interrogeait sur le remords et la conscience: « O conscience ! ne serais-tu qu’un fantôme de l’imagination, ou la peur des châtiments des hommes ? je m’interroge ; je me fais cette question : « Si tu pouvais par un seul désir, tuer un homme à la Chine et hériter de sa fortune en Europe, avec la conviction surnaturelle qu’on n’en saurait jamais rien, consentirais-tu à former ce désir ? ».

Cette interrogation est assez connue, et a été souvent commentée et même attribuée à Rousseau, mais qu’importe son origine. Cette question n’était qu’un problème théorique.

Mais grâce au génie, non du christianisme cette fois, mais de la finance la question est devenue une question pratique, même si elle est un petit peu modifiée dans ses termes. « Si tu pouvais par un seul désir, exploiter des enfants, ruiner des populations entières dans les pays en voie de développement, pousser au suicide des salariés, précariser des millions de personnes et obtenir une rentabilité maximale de tes placements financiers, avec la conviction  qu’on ne rapprocherait jamais les deux bouts de la chaine, consentirais-tu à former ce désir ? ».

Laurence Parisot : la prime transport « n’est pas raisonnable »

C’est ainsi que le Point commente l’intervention de Laurence Parisot sur RTL. Dimanche Christine Lagarde s’était exprimée au  « Grand jury RTL/Le Monde/LCI » : « Les arbitrages ne sont pas arrêtés bien entendu pour une raison très simple c’est que le premier ministre a demandé aux partenaires sociaux et leur a donné jusqu’au 15 septembre  pour faire des propositions. Ce qui est clair c’est que nous devons aussi travailler et que le travail s’est orienté autour d’une part de l’extension du régime actuel applicable en Ile-de-France  c’est-à-dire prise en charge par les entreprises de 50% du titre de transport avec exonération  de charges sociales pour l’employeur ainsi que pour l’employé… pour ceux de nos concitoyens qui ne disposent pas de transports collectifs, à ce moment là et sur la base d’un volontariat au sein de chaque entreprise, la proposition c’est une prise en charge forfaitaire des frais correspondants à l’utilisation du véhicule avec la même contribution de l’Etat c’est-à-dire une exonération de charges sociales. »

 

Laurence Parisot a été très claire « Aujourd’hui les entreprises françaises ne peuvent pas supporter un centime d’euro de charge en plus ». discours des plus classiques de part du patronat.

Mais Laurence Parisot va plus loin et précise sa pensée, « la vraie réflexion doit être plus générale, plus globale » : Il faut mettre en œuvre « une politique économique qui booste la croissance (…) qui va permettre une augmentation sérieuse du pouvoir d’achat des salariés, qui ensuite feront leur propre arbitrage. Certains voudront effectivement dépenser un peu plus en essence, d’autres en logement, d’autres pour la garde de leurs enfants, que sais-je… ».

Nous retrouvons là le raccourci habituel qui consiste à lier croissance et augmentation du pouvoir d’achat, les salariés n’ont surement pas besoin d’études statistiques pour constater la dégradation de leur pouvoir d’achat. Mais le point le plus intéressant de cette déclaration est sans aucun doute le renvoi à l’arbitrage que pourront faire les salariés.

Pour certains, et Laurence Parisot en fait sans aucun doute partie, le lieu d’habitation, l’emploi occupé et sa localisation relève d’un véritable choix, d’un arbitrage, mais pour la grande majorité des salariés ce sont des choix subis. Ce n’est pas par pur plaisir que tant de salariés s’installent de plus en plus loin, c’est pour trouver des logements à des tarifs accessibles, ce n’est pas par choix que les salariés vont s’entasser dans les mêmes zones de bureau ou industrielles, ce ne sont pas les salariés qui choisissent de créer encore des bureaux à la Défense alors que tous les transports en commun sont saturés pour y accéder.

Les dirigeants d’entreprise ne peuvent pas s’exonérer des conséquences de leurs choix, les salariés subissent des temps de trajet de plus en plus longs dans des conditions qui se dégradent, ce n’est pas à eux d’en payer le prix.

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