Pierre Rousselin a signé un éditorial très significatif dans le Figaro le 13 janvier 2010 intitulé « Haïti, la malédiction »..

La malédiction évoquée visée semble être, dans un premier temps, celle de la nature qui  » semble s’acharner avec une terrible cruauté sur l’un des pays les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète ». Force est de constater la  violence de ce séisme, même si le choix du terme « malédiction » pourrait laisser supposer la présence d’une force supranaturelle choisissant de frapper ici ou là.

Par contre, si la violence de ce séisme est une donnée sur laquelle aucune action n’est possible, l’impact de ce séisme est directement fonction de l’état des bâtiments et des normes antisismiques mises en œuvre, ou non, lors de leur construction. Au Japon, le même seisme n’aurait pas eu le même impact sur les bâtiments.

 » Haïti ne peut rester éternellement un puits de misère, » écrit-il, comment ne pas être d’accord avec une telle déclaration. Mais ensuite Pierre Rousselin s’égare ou est bien mal informé, il cite bien, et à juste titre  » trois décennies de dictature des Duvalier » mais il oublie malencontreusement les conditions de l’indépendance ; c’est là un point commun à la plupart des commentateurs.

En effet, si il est de bon ton de rappeler l’ancienneté de l’indépendance d’Haïti, il semble que l’on ait oublié les conditions financières qui l’ont accompagnée.

Le 17 avril 1825 une ordonnance de Charles X prévoyait dans son article 2 « Les habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue verseront à la Caisse des Dépôts et Consignations de France en cinq termes égaux, d’année en année, le premier échéant au 1er décembre 1825, la somme de cent cinquante millions de francs, destinée à dédommager les anciens colons qui réclament une indemnité ».

Ce montant fut toutefois révisé en 1838 et réduit à 60 millions. Ce montant fut réglé en ayant recours à un emprunt qui fut remboursé pensant un siècle.

Cette malédiction ainsi évoquée est-elle donc celle d’une puissance surnaturelle ou celle de l’ancienne puissance coloniale ?