L’information circule depuis hier, plusieurs personnes ont reçu une interdiction administrative de manifester.

Ce document indique « considérant que, en raison de la prégnance de la menace terroriste dont l’extrême gravité et l’importance des risques ont conduit le parlement à prolonger pour une seconde fois le régime de l’état d’urgence pour une dure de trois moins à compter du 26 février 2016, les forces de l’ordre demeurent fortement mobilisées pour assurer, dans ces circonstances, la sécurité des personnes et des biens.

Considérant que M. X a été remarqué, à de nombreuses reprises, lors de manifestations contre, notamment, les violences policières et le projet de réforme du Code du travail ; que ces manifestations ont dégénéré en troubles graves à l’ordre public et notamment des affrontements violents avec les forces de l’ordre ; que des groupes d’individus masqués et portant des casques sont systématiquement à l’origine de ces désordres ; qu’il y a, dès lors, tout lieu de penser que la présence de M. X aux rassemblements organisés contre le projet de loi visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs vise à participer à des actions violentes ; que, compte tenu de ces éléments, il y a lieu d’interdire sa présence à la manifestation organisée le mardi 17 mai 2016 conjointement par l’Union Régionale Île-de-France CGT, FO, SOLIDAIRES, l’UNEF, l’UNL et la FIDL ainsi que place de la République. »

L’on ne peut que s’étonner de l’utilisation de l’état d’urgence -qui aurait dû être un état d’exception mais qui semble, tout comme le plan Vigipirate avant lui, devenir l’état normal- pour réprimer un mouvement social et limiter le droit de manifester alors que, comme le document préfectoral le précise, l’objet de l’état d’urgence est de lutter contre la menace terroriste. Le lien entre les deux éléments est pour le moins difficile à établir, sauf, apparemment, pour le Préfet de Police. De plus, l’appréciation de ce même Préfet sur la loi travail assez inattendue et semble en décalage par rapport au devoir de réserve d’un fonctionnaire, aussi haut placé soit-il.

L’état d’urgence avait déjà été utilisé contre la COP 21, il serait temps que le gouvernement cesse de détourner tous les moyens juridiques pour tenter de faire passer en force un texte dont il est clair que personne, sauf le Medef, ne veut.

La démocratie n’est pas négociable, le Comité de l’ONU contre la torture vient de le rappeler en faisant part de sa préoccupation face aux violences policières en France. « Le Comité est préoccupé par les allégations d’usage excessif de la force par les fonctionnaires de polices et de gendarmerie ayant, dans certains cas, entraîné des blessures graves ou des décès. »