J’ai lu avec attention le rapport « Viol et autres violences sexuelles dans le confit du Tigré, Éthiopie. » L’on constate hélas encore une fois que le viol et les violences sexuelles sont devenus une arme de guerre dans la Corne de l’Afrique comme dans de trop nombreuses autres parties du monde.

 

Si l’on ne peut que saluer votre travail et espérer que les mesures que vous préconisez seront suivies d’effets notamment avec une réelle prise en compte au niveau des instances internationales, une des premières phrases de votre rapport suscite quelques remarques.

Le rapport s’ouvre, page 5, sur cette phrase  » During the conflict that began on 4 November 2020 in Tigray —Ethiopia’s northernmost region —troops fighting in support of the federal government have committed widespread rape against ethnic Tigrayan women and girls. » Nul ne peut nier la réalité de ces violations massives des droits humains dénoncées par un grand nombre d’organisations internationales et d’autant plus choquantes que le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed a obtenu le prix Nobel de la paix en 2019.

 

Mais, selon les informations dont l’on peut disposer, les troupes du Front de libération du peuple du Tigré ont eu exactement les mêmes pratiques à l’encontre des civils et des femmes Afar dans les localités Afar qu’ils occupent. De plus, depuis des années, de l’autre côté de la frontière, à Djibouti, des femmes Afar dénoncent l’impunité des militaires djiboutiens violeurs. En mars et avril 2016, deux groupes de femmes afars ont fait une grève de la faim successivement en France à Arcueil et en Belgique à Saint-Josse pour alerter l’opinion publique. Il semble malheureusement que, pour de nombreux états, Djibouti ne soit guère un pays, mais plutôt un terrain d’implantation de bases miliaires dont le seul attribut de l’État qui reste est la reconnaissance internationale et dont le maintien de l’ordre est concédé à un tyranneau local.

 

Conscient des difficultés à collecter des informations à Djibouti, pays où la liberté de la presse est inexistante, et dans l’ensemble de la Corne de l’Afrique je n’en espère pas moins que vous puissiez collecter suffisamment de données pour alerter à votre tour l’opinion publique, sur le calvaire des Femmes afars qui se poursuit à l’ombre des bases militaires dans la plus totale indifférence.