« Il vient une heure où protester ne suffit plus, après la philosophie, il faut l’action. »
Victor Hugo, Les Misérables

La gauche la droite et les autres…

A deux semaines des élections européennes, les derniers sondages, articles, déclarations sans aucun doute aident à la clarification des enjeux.

 

Europe 1 commente le premier sondage en Ile de France par TNS Sofres / Logica « le bloc de gauche (de l’extrême gauche aux écologistes) devancera le bloc de droite (de l’UMP à l’extrême droite) en Ile-de-France avec 45% des intentions de vote contre 39%. ». Un rapide calcul permet de constater que 84% des intentions de vote ne se retrouvent dans aucun des deux blocs. Si certaines « petites listes » peuvent être difficiles à placer sur l’échiquier politique, pour Europe1 la question de la place du Modem ne se pose pas, le Modem n’est ni à gauche, ni à droite..

 

A priori rien de très nouveau, l’idée que le Modem serait « ailleurs » est mise en avant régulièrement, y compris dans la campagne électorale pour les élections européennes sans aller plus loin et regarder les votes des députés européens du Modem qui sont eux très clairs et sûrement pas « ailleurs » !:

Plus étonnant par contre la déclaration de Jean-Christophe Cambadélis dans Le Parisien du 19 mai « Si on additionne toutes les listes opposées à la politique gouvernementale, on atteint 70 % des intentions de vote. Avec moins de 30 % des voix, l’UMP est loin d’être flamboyante ! ». Quel sens peut avoir l’addition des voix de gauche avec des voix du Modem, même s’il reste « ailleurs », et avec celles du Front National dont l’on sait où il se situe sur l’échiquier politique ? N’est ce pas là une certaine vision des alliances possibles qui, en excluant le coté outrancier de la présence de l’extrême droite de cette addition, tendrait à définir un nouveau front anti-UMP ?

 

Et Jean-Michel Baylet, sénateur PRG du Tarn-et-Garonne, dans la même édition du Parisien, a précisé un peu plus cette évolution. Annonçant la création d’un groupe PRG à l’Assemblée nationale il précise « Nous avons un groupe au Sénat qui fonctionne très bien », mais dont il oublie de préciser que l’un des trois vice-présidents est Aymeri De Montesquiou, membre du Parti Radical dont le président est Jean-Louis Borloo et les autres sénateurs siègent dans le groupe UMP.

 

N’est-il pas temps de sortir de cette confusion et d’affirmer enfin des valeurs de gauche, à moins que pour certains l’abandon de ces valeurs ne soient le prix à payer pour gagner.

Panem et circenses

Selon Lyoncapitale.fr une proposition de loi pourrait être déposée en juin « pour autoriser la construction d’une douzaine de stades d’environ 50 000 places chacun dans la perspective de l’Euro 2016 que la France souhaite accueillir. » (1) Rien de surprenant, dans son discours de soutien à l’Euro 2016 du 5 mars dernier Bernard Laporte justifiait sa conviction « d’autant plus forte aujourd’hui avec la crise que nous traversons…que la construction de stades, c’est à court terme des investissements et de l’activité, et à moyen terme du développement et des emplois pour nos régions ».(2)

 

Que la construction de stades soit à court terme des investissements et de l’activité; cela semble une évidence, et cela est vrai de tous les équipements publics et aussi bien de la construction que de la rénovation. Mais cette évidence ne se retrouve pas dans les priorités du plan de relance du gouvernement dont fait partie Bernard Laporte, cette incohérence n’est qu’apparente, en effet, les financements des grands stades se feraient dans le cadre de Partenariats Public Privé parés de toutes les vertus au contraire de l’investissement public responsable des déficits publics… En clair, ces projets étant déclarés d’intérêt général, les structures privées peinant à financer, la proposition de loi permettrait, aux collectivités locales de participer à ce financement.

Pour ceux qui seraient surpris voire choqués de tels financements, il n’est pas inutile de s’interroger sur le financement des infrastructures d’accès à l’empire Mickey à Marne-la-Vallée.

 

Mais une autre question se pose ici en amont, pourquoi privilégier la construction de grands stades alors que le recensement national des équipements sportifs fait apparaitre à la fois une vétusté d’un nombre important d’équipements et une inégalité d’équipements sur l’ensemble du territoire.

Le choix à effectuer était clair d’un coté investir dans la rénovation et la construction d’équipements de proximité utilisés tous les jours pour développer l’éducation physique et sportive à l’école et permettre l’accès de toutes et tous aux pratiques sportives ou investir dans de grandes enceintes de prestige remplies de temps en temps pour développer le sport qui se regarde et non le sport qui se pratique, OL Groupe organisé autour de l’Olympique Lyonnais se définissant comme un acteur leader des médias et du divertissement sportif en France (3).

 

Bernard Laporte a choisi, ou du moins a exprimé le choix du gouvernement, l’Etat n’investira pas dans la pratique sportive pour toutes et tous mais dans le « divertissement sportif ».

Le choix n’est pas nouveau, tel sous l’Empire Romain,  du pain et des jeux  suffiront à faire taire les langues !

 

 

(1) http://www.lyoncapitale.fr/index.php?menu=01&article=7686

(2) http://www.sports.gouv.fr/accueil_5/secretaire-etat-charge-sports_731/discours_735/bernard-laporte-soutient-candidature-france-organisation-euro-2016-federation-francaise-football-paris_2499.html

(3) http://investisseur.olympiquelyonnais.com/content/blogcategory/3/2/lang,fr/

 

 

 

 

Le précieux ridicule

Jean-Jacques Aillagon vient d’accorder une longue interview au journal le Monde titrée « La question de la suppression du ministère de la culture peut se poser ».

D’autres seront plus qualifiés que moi pour juger de ses propositions.

Mais sur la forme il est quand même surprenant de constater à quel point le fait de quitter un poste tel qu’un ministère peut donner des idées sur la manière de le tenir. Et ce n’est pas là une exception culturelle française…

Jean-Jacques Aillagon constate que  » En vingt ans, les collectivités locales sont devenues des acteurs centraux de la vie culturelle. », les élus locaux et les acteurs culturels locaux s’en étaient aperçus depuis bien longtemps et d’ajouter  » Les attentes qu’il (le ministère de la culture)suscite augmentent plus vite que les dotations budgétaires », là aussi ce n’est pas une grande découverte et que ne l’a-t-il déclaré quand il était ministre et que n’a-t-il demandé des hausses de crédit substantielles ? D’autant plus que plus loin il déclare  » Maintenons ce ministère, donnons-lui plus de moyens ».

Mais Jean-Jacques Aillagon a su garder le meilleur pour la fin. A la question Pourquoi ne pas l’avoir fait quand vous étiez ministre ? la réponse est « J’ai esquissé ce mouvement. Il m’aurait fallu du temps. Mais il y a eu le conflit des intermittents, qui a provoqué mon départ. Un ministère ne se réforme pas seul. C’est l’affaire de tout un gouvernement. A la culture, la difficulté c’est que le ministre a beaucoup de mal à prendre ses distances par rapport aux populations qu’il administre. Tout ministre veut être accepté par la famille culturelle. Il veut même en faire partie. Aucun ne veut de disputes familiales ».

Les formules sont joliment choisies, pas de disputes familiales mais un conflit avec les intermittents, ne seraient ils donc pas de la famille ? Cela justifierait alors sans aucun doute cette volonté de les exclure d’un système conçu pour eux.

Et si conflit il y a, qui a déclenché le conflit ? Lorsque Jean-Jacques Aillagon s’interroge sur le rôle que pourrait avoir un ministère de la culture, n’a-t-il pas là un élément de réponse. Ce n’était pas un conflit, c’était une question politique, pas la seule certes, mais une question cruciale pour l’avenir du spectacle vivant. Il n’a pas semblé important à monsieur Aillagon de traiter cette question alors. Et, s’il affirme être frappé aujourd’hui « que le répertoire du théâtre français soit si peu joué sur le territoire », encore quelques réformes du statut des intermittents et la question ne se posera même plus…textes français ou étrangers, classiques ou modernes…

Mais si Jean-Jacques Aillagon semble penser que les intermittents ne font pas partie de la famille, la réciproque n’est pas vrai pour tous. Je me souviens d’une fin de manifestation devant le Palais royal où j’ai entendu ce cri magnifique « Aillagon vient avec nous, toi aussi t’es un clown »

Georges Frêche et Pie XII

Aucun lien entre Georges Frêche et Pie XII  et pourtant les hasards du calendrier amènent parfois à des rapprochements surprenants.

 

Une dépêche de l’AFP du 18 octobre indique que  » La fédération héraultaise du Parti socialiste a officiellement demandé vendredi la réintégration dans le parti de Georges Frêche, le président de la région Languedoc-Roussillon, qui en avait été exclu en janvier 2007 après des dérapages verbaux ». Le congrès de Reims devra statuer sur cette demande. Ce congrès promettait déjà d’être animé, cette question là n’est sûrement pas pour apaiser les débats. En effet, les dérapages verbaux dont il est question sont des propos racistes tenus par Georges Frêche en réunion du conseil d’agglomération, mais dérapages qui semble-t-il étaient loin d’être les premiers.

 

Une semaine avant, dans son édition du 11 octobre, un article de Stéphanie Le Bas dans le Monde nous apprenait que Benoît XVI avait de nouveau plaidé, jeudi 9 octobre, pour la béatification du pape Pie XII. Pie XII a été pape du 2 mars 1939 au 9 octobre 1958, et s’est fait remarqué par un assourdissant silence pendant la déportation et le massacre de millions de personnes organisés par l’Allemagne nazie avec la complicité active de trop nombreux gouvernements européens. Benoit XVI justifie ce silence  » Souvent c’est dans le secret et le silence qu’il a agi parce que justement, à la lumière des situations concrètes de la complexité de ce moment historique, il avait eu l’intuition que c’est seulement de cette manière que l’on pouvait éviter le pire et sauver le plus grand nombre possible de juifs », a défendu le pape » mais comme le souligne Stéphanie le Bars  » L’analyse complète de cette époque par les historiens demeure soumise à l’ouverture de l’ensemble des archives du Vatican. », ouverture qui relève de la décision de Benoit XVI qui apporterait là des éléments tangibles concernant la position de Pie XII et de l’ensemble de l’Eglise catholique pendant la guerre et l’après guerre.

 

Ces deux éléments, outre la proximité dans le temps de ces deux informations, ont un point commun, une institution évacue un comportement, des propos qui dans les deux laissent apparaître une vision raciste de l’humanité. Certes, l’on pourra disserter longuement pour savoir si le comportement de l’un ou les propos de l’autre ont le même degré, la même dangerosité..  Mais la question n’est pas une question de degré, tous les comportements racistes sont condamnables, et il y a une continuité mortelle du dérapage verbal à la purification ethnique.

Les décisions à prendre par le PS et par l’Eglise catholique dans ces deux cas sont attendues et seront lues avec beaucoup d’attention par les militants antiracistes certes mais aussi par les tenants de la supériorité de la race blanche pour y trouver le cas échéant  un nouvel appui pour leurs thèses nauséabondes.

Ségolène, Jean-Marc et Marina.

Selon une dépêche de l’AFP Ségolène Royal s’est exprimée ce jour sur Canal + à la fois sur la révocation de la semi-liberté qui avait été accordée à Jean-Marc Rouillan, et sur la non-extradition de Marina Petrella.

Concernant Marina Petrella, Ségolène Royal n’a pas voulu se prononcer faute d’accès au dossier médical qui a justifié la décision française. Il est on ne peut plus normal qu’elle n’ait pas eu accès au dossier médical, et l’on ne peut que s’étonner, à contrario, de la grande compétence médicale dont fait preuve le ministre italien de la défense, Ignazio La Russa, qui au vu d’images vues à la télévision, estime qu’elle a l’air « bien reposée » et en « meilleure » forme que lui. Il faut dire que les images en question datent de plusieurs mois…

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